Il est intéressant de savoir, d’autre part, que, dans l’Antiquité, le talent a déjà été une unité de poids de même qu’une monnaie ! Chez les Athéniens, qui ne cessent de nous surprendre, le talent pesait environ 27 kilos. Je suis absolument assuré, sans avoir à le tester, que ce poids de 27 kg semblait plus léger pour certains et beaucoup plus lourd pour d’autres. Pourtant, 27 kilos, c’est 27 kilos, que ce soit un poids plume, coq ou un poids lourd, on s’entend…
Ainsi, le talent, à la même époque, représentait également une monnaie de compte équivalent à un talent (poids) d’or et d’argent. Aujourd’hui, plus personne n’oserait peser son talent, c’est clair. Les mauvaises langues diront que certains ne pèseraient pas très lourds… il ne me vient pas à l’idée de faire une liste nominative !
Non, aujourd’hui, le mot « talent » réfère, la plupart du temps, à une disposition spécifique, à une aptitude, une capacité physique ou intellectuelle pour faire, voire réussir quelque chose, et plus souvent qu’autrement, on affuble au « talent » des qualificatifs du genre remarquable, exceptionnel ou extraordinaire, mais plus rarement inné. Pourtant, le talent, me semble-t-il, doit être considéré comme inné malgré le travail et les efforts que son développement exige.
Pour mémoire, rappelons-nous la signification générale du mot « inné » : Qui appartient à l’être dès sa naissance, sans avoir nécessairement un caractère héréditaire. Certains ajouteront que le talent nous est offert gratuitement par le Créateur et qu’il n’en tient qu’à nous de le développer (À vous ici de définir Celui ou celui que vous considérez comme étant le ou votre créateur !).
Récemment, j’ai eu l’occasion d’aborder de front ce sujet. L’un des arguments qui alimentait la discussion tournait autour de la quantité, si je puis dire ainsi, la quantité de talent que chacun reçoit. Je n’accorde pas « talent » au pluriel dans la précédente phrase parce que l’argument ne faisait pas référence au fait de concentrer plusieurs talents, plusieurs formes de talents, chez une même personne, mais plutôt plus ou moins de talent pour exécuter une chose, dont l’utilisation, fautive peut-être, j’en conviens, du terme quantité pour exprimer le principe. En d’autres termes, un musicien, par exemple, peut avoir une certaine quantité de talent pour jouer de son instrument, mais moins de talent qu’un autre qui joue du même instrument et ce, même s’il joue pendant plusieurs années de manière intensive.
J’ai personnellement expérimenté ce phénomène, et je me suis rendu au bout du talent que j’avais, alors que je constatais bien, ayant suffisamment de talent pour m’en rendre compte, que mes frères, pourtant plus jeunes, avaient un talent beaucoup plus grand que le mien pour le même instrument.
Ainsi, même en le développant, le talent, du moins chez certaines personnes, atteint une limite… et une fois cette limite atteinte, nous devons choisir entre exercer notre talent pour les autres ou pour nous-mêmes, avec la possibilité de tourner en rond et perdre la flamme, ou s’arrêter, simplement. Bien souvent, la décision dépend de notre propre personnalité, et de l’un de ses traits.
Un talent qui s’exerce sans passion, sans développement, ne vaut guère mieux qu’une chandelle éteinte, sans mèche !
Note additionnelle : La qualité de votre talent doit être suffisamment élevée pour en connaitre les limites, les points d’ancrage et les effets sur votre comportement et sur les autres. Au poids, vous devez savoir qu’il fait 27 kilos… pas plus, mais pas moins ! Si vous devez utiliser une balance pour en mesurer le poids, si ce sont uniquement les autres qui sont en mesure de le peser, il se peut que votre talent manque de maturité, ou que la limite de son développement soit faible et déjà atteinte. Dans le premier cas, l’espoir est encore permis; dans le second, une décision s’impose…