
C’est une des nombreuses chansons de Vigneault, une sinon la plus grande plume du Québec, plume encore vivante de nos jours, une plume qui écrit, et une plume qui parle pour raconter des histoires, pour dire des vérités sans nécessairement choquer mais sans, non plus, se cacher pour pleurer ses joies et s’égayer de ses peines. Dans son expression, nous le sentons libre, comme le pays qu’il défend, ce pays qu’il dit être « au plus profond de moi, n’a ni Président, ni Roi … ».
Les plumes d’aujourd’hui semblent souvent être de type guerrier comme pour tirer à bout portant sur tout ce qui lit, même sur ce qui ne lit pas. Les plumes à saveur « réseaux sociaux » sont parmi les plus virulentes, les plus assassines, plusieurs se tuent à le dire mais y participent en rafales, vidant leurs chargeurs de mots satiriques à qui mieux-mieux, en espérant créer avec des sourires jaunes et des rassemblements hétéroclites et hétérogènes des morceaux de paix qui ne se feront plus la guerre.
Aujourd’hui, l’autonomie des plumes est telle qu’elles arrivent à générer elles-mêmes leurs propres sujets et leurs propres polémiques, alors que beaucoup parmi ceux qui composent la parade qu’elles génèrent n’ont même jamais lu leurs débordements humoristiques.
Les rêves des uns s’entremêlent aux peurs (et aux pleurs) des autres dans des amalgames indescriptibles que transporte le vent social des réseaux devenus pratiquement la nouvelle force journalistique, avec des vedettes cachées anonymement derrière leur avatar et leur clavier qui les suivent dans des « Je suis » qu’ils clament avec puissance et qui sont pourtant si dérisoires et si éphémères. Le bruit qu’ils feront bientôt avec le silence de leur république engourdie par la violence de leur rhétorique sera assourdissant …
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Après le 11 septembre, après toutes les mesures, entre autres, que les passagers circulant à travers les dédalles de sécurité des aéroports ont subi et subissent encore, après tout cela, qui ont été les vrais perdants ? Après le 7 janvier français, et la suite, posez-vous la même question et demandez-vous si vous n’arrivez pas aux résultats que certains souhaitaient ?
Où dorment nos rêves ? Où vivent nos peurs ? Les rêves des uns n’est pas toujours la peur des autres, mais la méconnaissance des autres fait souvent peur et brouille le rêve.