
Nous nous entendions bien, et la discussion allait bon train, il souhaitait même m’emmener faire un tour dans son « pays » d’origine, le Kosovo, qu’il avait dû quitter pour Belgrade à cause du conflit justement, et des Albanais qu’il l’avait envahi. Il en avait gros, très gros, sur le cœur, c’est d’ailleurs ce qui m’a retenu de ne pas me rendre sur place avec lui, car en plus de la distance que cela représentait, il y avait un danger évident.

Les noms de Radovan Karadzic et Ratko Mladic résonnaient dans ma tête avec des accents différents, ceux de la population locale, et avec des avis différents.
C’est à lui que j’ai pensé, c’est son souvenir qui est revenu dans le mien vendredi dernier lorsque j’ai entendu que la ville de Sarajevo célébrait d’une touchante façon le vingtième anniversaire du début de la guerre de 1992-95 en plaçant sur l’avenue du Maréchal Tito quelque 11 541 chaises rouges formant 825 rangées sur 800 mètres de long pour symboliser les victimes de cet effroyable conflit, le pire depuis la Seconde Guerre Mondiale.
Il y avait même quelques centaines de chaises de plus petit format pour représenter les enfants tués au cours de cette guerre. Ces chaises ont été installées là, encadrées par des milliers de Sarajéviens, pendant un concert symbolique qui a eu lieu dans l'après-midi.
C’est bien la preuve que l’homme est capable du meilleur et du pire, et dans le pire, c’est lui le meilleur !