
Bon, nous sommes moins nombreux maintenant, mais l’intérêt devrait avoir augmenté …
Au magasin de l’ambigüité (remarquez, en passant que le tréma se trouve maintenant sur la lettre « u » selon la nouvelle orthographe au lieu d'être placé sur le « i » tel qu’autrefois. Il en était d’ailleurs mention dans un de mes articles de la série « Nouvelle orthographe » sur les accents que vous pouvez lire ou relire : Les accents, suite et fin ) donc, au magasin de l’ambigüité, l’homonymie s’amourache d’un compagnon fort peu connu, d’un compagnon ou d’une compagne, devrais-je dire : la polysémie.
Nous pouvons qualifier de polysémique un mot ou une expression qui a deux, voire plusieurs sens différents. À la différence des mots homonymes qui ont la même forme, qu’elle soit phonique ou graphique, tout en étant des mots totalement différents, donc avec des étymologies différentes et des entrées distinctes dans le dictionnaire, le mot polysémique est un même mot avec plusieurs sens.
Quelques exemples simples pour illustrer une notion qui semble complexe mais que nous manipulons chaque jour, pourtant, sans le savoir :
- Théâtre, qui peut définir le lieu, l’art ou même la production littéraire.
- Rouge, terme associé à une couleur, mais aussi à une race, au vin, au sang, au communisme, à la colère.
- Indien, qui signifie à la fois celui qui habite l’Inde et l’autochtone des Amériques.
- Américain, qui vient de l’Amérique, qu’elle soit du nord ou du sud, mais également celui qui vient des États-Unis
- Hôte, qui désigne à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu ! Plume Latraverse ne chantait-il pas, jadis : « Qui c'est qui est l'hôte quand un gars fait un party? C'tu l'invitant ou l'invité ? ». L’hôte a un sens propre et son contraire !
Je vous parle de tout cela à cause d’un des deux sujets de l’heure au Québec. De quoi parle-t-on depuis quelques temps dans les chaumières de cette belle province qui n’est pas un pays mais qui pullule d’institutions, d’organisations et de contraintes qui, normalement, sont réservées à un pays dument constitué, comme le fait de lever ses propres impôts, de décider qu’une personne qui possède sa citoyenneté canadienne (vous savez, le pays où est localisé la province de Québec ?!?) doit aussi prouver autre chose pour obtenir ses allocations familiales, tout en double, comme si nous avions un palier de gouvernement de trop (mais lequel ?).
Au pays du Québec, deux thèmes principaux courent les rues en ce moment : l’hiver au printemps, et les élections qui bourgeonnent sans que les partis en présence ne présentent de projets pour nous faire un peu rêver, pour nous bâtir une société meilleure. Au lieu d’un peu de rêves organisés, leurs chefs (il est difficile de les qualifier de dirigeants !) se lancent de la boue, des tonnes de boue, ce qui prouve bien qu’ils ont tous les deux pieds dedans !
Ainsi, retournant, comme je le fais souvent, à la source des mots pour comprendre le comportement des gens et, de surcroit, l’évolution de la société qu’ils prétendent faire avancer, je me suis rendu compte que le terme « politique » était un mot polysémique. Il possède au moins trois sens, venus de trois mots de la langue grecque :
- Celui de Politikos (civilité) : c’est la politique dans le sens le plus large, soit le cadre général d’une société organisée et développée;
- Celui de Politeai (république) : tout ce qui touche la constitution et concerne la structure et le fonctionnement d’une communauté, d’une société ou d’un groupe social, peu importe son importance, au niveau des méthodes, des théories et des pratiques. On parle ici du sens du terme qui porte sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe d’une société, ainsi que de ses rapports tant à l’interne que ceux avec d’autres groupes. En finalité, la politique est donc tout ce qui concerne le collectif; par exemple, en ce sens, les études ou les sciences politiques touchent tous les domaines d’une société, que ce soit l’économie, le droit, ou la sociologie.
- Celui de Politikè (science des affaires de la Cité) : ce troisième sens, plus restreint se réfère à la pratique et à la gestion du pouvoir. C’est donc davantage ici que réside nos hommes et nos femmes politiques qui briguent les suffrages pour nous représenter le 7 avril prochain (ici, le mot représenter est évidemment pris dans un sens figuratif, vous en conviendrez, parce que la plupart d’entre eux, ne font que représenter leur parti qui n’offre qu’une ombre de programme qu’ils ne semblent même pas connaitre !)

Je me souviens, jeune, nous attendions l’autobus scolaire, refaisant le monde chaque matin, rêvant du moment où nous aurions le pouvoir de le faire valoir par le droit de vote, nous avions des rêves pour notre futur coin de ciel … et nous prenions de la neige toute blanche autour de nous, la roulions en balle dans nos mains pour la lancer au premier qui passait. Et de la neige, il y en avait partout autour de nous ! Nous avions les deux pieds dedans, jusqu’aux genoux ! Maintenant, devenus adultes, avec de bonnes mitaines chaudes, nous ne lançons que de la boue (pour être poli !)
Qu’avons-nous donc sous nos pieds ? Et tout autour de nous ? L’odeur du rêve de notre jeunesse a-t-elle été chassée ?